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A terme, tous les jeunes de 15 à 17 ans devaient pouvoir y participer : le service national universel (SNU), mis en place à partir de 2019, devait permettre à la jeunesse de réaliser un « séjour de cohésion », qui brasserait des élèves de tous les milieux et de toutes les régions, autour des valeurs de la citoyenneté et de l’engagement, avant de réaliser une mission d’intérêt général – souvent au sein d’un corps en uniforme ou dans une association.
Cinq ans plus tard, la Cour des comptes relève « l’absence d’horizon clair » et « l’insuffisante planification des moyens nécessaires à sa montée en charge ». Des problèmes de pilotage, à la fois au niveau des administrations centrales et sur le terrain, ont généré des surcoûts et une surcharge de travail pour les agents, qui inquiètent la Cour des comptes dans le contexte d’une montée en charge toujours prévue, jusqu’à la généralisation : la loi de programmation des finances publiques 2023-2027 prévoit le financement du SNU à hauteur de 150 000 jeunes, en 2027, alors qu’Emmanuel Macron a affirmé sa volonté de généraliser le SNU dès 2026.
Le premier problème du SNU est le manque de clarté de ses objectifs, qui se sont « multipliés au fil de sa mise en œuvre ». La mise en place du SNU s’est, par ailleurs, faite « à législation quasi constante » : le projet n’a jamais été débattu au Parlement, « ni dans ses principes ni dans ses modalités ». Face à la faible lisibilité du dispositif, les jeunes sont venus, chaque année, moins nombreux que prévu. En 2023, ils étaient autour de 40 000 dans les séjours de cohésion de douze jours, sur 64 000 attendus. En revanche, selon des travaux menés par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep), la satisfaction des jeunes participants est très élevée (96 % en 2023).
Le dispositif souffre également de problèmes de suivi, « alors qu’il s’agit d’une politique prioritaire du gouvernement », rappelle la Cour des comptes. Son suivi politique a évolué au cours du temps, puisque le SNU a d’abord été porté par un secrétariat d’Etat à la jeunesse rattaché au ministère de l’éducation nationale, puis par un secrétariat d’Etat à la jeunesse et au SNU sous double tutelle de l’éducation nationale et de l’armée.
Sur le terrain, le gouvernement ne voulait pas d’une gestion avec les associations d’éducation populaire, le projet devant rester « régalien ». Mais il s’est heurté à la « limite » des compétences des services déconcentrés de l’Etat. « Les associations, notamment d’éducation populaire, ont été des relais essentiels », rappelle la Cour des comptes, qui insiste sur leur « mobilisation croissante sur le SNU », ce qui, en retour, « pose la question de leur capacité à poursuivre leurs autres missions ». La formation et le nombre des encadrants pourraient du reste devenir une vraie préoccupation dans le cadre d’une généralisation, puisque l’accueil de jeunes plus réticents pourrait provoquer davantage de situations disciplinaires, prévient la juridiction financière.
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